La DMCA au cœur des RDV de l’histoire de Blois.
Guillaume Piketty évoque son ouvrage Sortir de la guerre… et le dialogue avec le public.
À l’occasion des Rendez-vous de l’histoire de Blois 2025, Guillaume Piketty, historien et professeur à Sciences Po, était présent sur le stand du ministère des Armées pour une séance de dédicaces.
Il a répondu à nos questions sur son dernier ouvrage Sortir de la guerre. (Éditions Passés Composés / Ministère des Armées)
Pouvez-vous nous présenter brièvement votre ouvrage ?
Sortir de la guerre…, que nous avons écrit collectivement pour les éditions Passés Composés, s’attache à réfléchir à ce que représentent concrètement les expériences vécues plus ou moins durablement, au plan collectif comme au niveau individuel, par les femmes, les hommes, les adolescents et les enfants qui se sont efforcés de retrouver un état de paix après avoir été confrontés, avec des statuts divers (combattants, résistants, réfugiés, prisonniers, déportés, etc.), au phénomène guerrier et aux déploiements de violence qui en découlent. Nous avons voulu croiser deux approches : « par en haut », qui considère notamment les dimensions diplomatiques, politiques, économiques et sociales, et « par en bas », au plus près des parcours individuels. Conçue à l’origine pour la Première Guerre mondiale, la grille d’analyse que nous avons utilisée a été appliquée à d’autres périodes historiques, depuis les guerres de Religion en Europe jusqu’aux temps actuels. Le livre réunit en effet des contributions d’historiens français et étrangers et couvre plusieurs siècles. Malgré les différences de contexte, de géographie, de modalités guerrières, etc., un socle commun se dégage, qui est organisé en quatre temporalités : la cessation des hostilités ; les retours individuels ; la démobilisation culturelle, les processus judiciaires, le deuil et les récits ; le travail de mémoire.
Comment voyez-vous le lien entre votre travail et la mémoire, ou la transmission de l’histoire ?
Professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po, j’organise mon activité entre enseignement et recherche. Le produit de cette dernière vient évidemment irriguer, j’espère pour le meilleur, ce que je m’efforce de transmettre aux étudiantes et aux étudiants de Sciences Po. Par la réflexion qu’il impose et les questions qu’il suscite, ce processus de transmission enrichit en retour mes travaux de recherche.
Qu’attendez-vous des échanges avec le public ?
Les échanges qu’il m’est donné d’avoir au sujet de Sortir de la guerre… sont essentiels et très vertueux. Ils montrent à quel point les thématiques étudiées dans l’ouvrage résonnent aujourd’hui et font sens pour le public. La sortie de guerre, comme la guerre elle-même, reste malheureusement d’actualité…
Un tel dialogue avec le public permet d’apporter des réponses aux questions que ce dernier se pose, tout en l’aidant parfois à nommer certaines de ces questions, souvent implicites. Encore une fois, il n’est pas de bonne recherche sans transmission ni dialogue : le public auquel nous nous adressons contribue à enrichir nos analyses et à faire progresser la réflexion collective.
Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler sur ce sujet ?
Mon travail sur ce sujet découle d’une rencontre avec un historien remarquable, Bruno Cabanes, au début des années 2000, alors que j’étais directeur de recherches à Sciences Po. Bruno m’a proposé d’organiser un séminaire de recherche sur ce thème qu’il avait déjà commencé à investiguer. De toute évidence, les sorties de guerre mettent à nouveau à l’épreuve celles et ceux qu’un conflit a déjà meurtris. Leur étude dans la durée et en profondeur est aussi passionnant que difficile. Depuis 2004, je n’ai jamais changé d’avis !